Ozempic, anti-diabétique détourné pour la perte de poids. Est-ce sans conséquences ?

Ozempic, remède miracle pour perdre du poids ?

On l'a vu sur Tiktok, on se l'arrache, les fausses ordonnances à gogo et les stars en parlent beaucoup !

Elon Musk en fait son apologie, tout le monde commence à l'utiliser sans même en connaître les effets secondaires. Détourner un médicament de son usage initial pour de la perte de poids ? Est-ce réellement sans risque ?

Lorsque le résultat parait si simple, il faut se poser des questions.

Les stars ont sauté dessus pour leur usage personnel, puis lorsque la presse à commencer à s'en mêler en disant que c'était un médicament réservé aux diabétiques et que les stocks n'étaient pas si suffisants, tout le monde est passé en mode fine bouche... Ben voyons... Non, non, non ma perte de poids n'est du qu'à ma routine sportive. D'autres l'assument sans souci poussant le produit au rang des remèdes miracles.

Maintenant, analysons cela de plus près.

Je souhaite aborder une question cruciale concernant l'utilisation de l'antidiabétique Ozempic, qui attire de plus en plus l'attention en raison de son utilisation détournée à des fins de perte de poids. Récemment, une étude menée par des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique (Canada) a mis en lumière des liens inquiétants entre ces médicaments initialement destinés aux patients diabétiques et de graves problèmes gastro-intestinaux, notamment la pancréatite, l'obstruction intestinale, les problèmes biliaires et la gastroparésie.

Ozempic, qui a été mis sur le marché par Novo Nordisk depuis 2017 aux États-Unis et en 2019 en France, avait à l'origine pour vocation de traiter les patients atteints de diabète de type 2. Il fait partie de la catégorie des analogues du GLP-1, une hormone digestive naturelle qui régule la glycémie. En plus de son rôle crucial dans l'augmentation de la production d'insuline chez les patients diabétiques, il ralentit également la vidange gastrique, ce qui entraîne une réduction de l'appétit. C'est cette propriété qui a conduit à son utilisation pour la perte de poids.

Cependant, en France, des signalements préoccupants ont émergé concernant l'utilisation d'Ozempic par des personnes non diabétiques dans le but de perdre du poids. Face à ces préoccupations, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé en mars qu'elle renforcerait la surveillance de l'Ozempic.

Il est essentiel de noter que l'utilisation d'Ozempic comme un coupe-faim miracle n'est pas sans risques pour la santé gastro-intestinale. Les chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique ont mené la première étude épidémiologique sur ce sujet et ont découvert que les médicaments amaigrissants contenant du sémaglutide (Ozempic et Wegovy) ainsi que du liraglutide (Rybelsus et Saxenda) sont associés à des troubles gastro-intestinaux graves, notamment la pancréatite, l'obstruction intestinale, les problèmes biliaires et la gastroparésie.

Pour cette étude, les chercheurs ont analysé les dossiers d'assurance-maladie de près de 16 millions de patients américains entre 2006 et 2020. Ils se sont penchés sur les patients à qui du sémaglutide ou du liraglutide avait été prescrit, en excluant les patients diabétiques ou sous un autre médicament antidiabétique. Ils ont ensuite comparé ces données à celles de patients utilisant un autre médicament amaigrissant, une combinaison de bupropion-naltrexone destinée aux personnes obèses.

Les résultats indiquent que les utilisateurs de sémaglutide et de liraglutide présentaient des taux plus élevés de troubles gastro-intestinaux graves que les utilisateurs de bupropion-naltrexone. Par exemple, l'incidence des problèmes biliaires était plus élevée chez les utilisateurs de sémaglutide (11,7 pour 1 000 personnes-années) et de liraglutide (18,6) que chez les utilisateurs de bupropion-naltrexone (12,6). De même, les taux de pancréatite (4,6 pour sémaglutide, 7,9 pour liraglutide) étaient nettement supérieurs à ceux du bupropion-naltrexone (1,0), tout comme la gastroparésie (9,1 pour sémaglutide, 7,3 pour liraglutide contre 3,1 pour bupropion-naltrexone). Les agonistes du GLP-1 étaient associés à un risque neuf fois plus élevé de pancréatite, plus de quatre fois plus élevé d'obstruction intestinale et près de quatre fois plus élevé de gastroparésie par rapport au bupropion-naltrexone.

Il est important de souligner que l'étude comporte certaines limites, notamment un nombre restreint de cas, une comparaison avec des médicaments non commercialisés en France (bupropion-naltrexone) et une incertitude quant à la sélection de patients non diabétiques. Néanmoins, elle met en lumière les risques potentiels associés à l'utilisation non médicale d'Ozempic pour perdre du poids.

Il est primordial de rappeler que ces médicaments, tels qu'Ozempic, ont un rôle significatif dans le traitement du diabète et de l'obésité sévère résistante, contribuant à réduire les comorbidités associées. Cependant, leur utilisation pour perdre quelques kilos chez les personnes en légère surcharge pondérale suscite des interrogations. De plus, ces médicaments peuvent entraîner des effets secondaires fréquents, bien que généralement sans danger, tels que des vomissements, de la constipation, et une perte de cheveux.

Une autre étude menée par Jean-Luc Faillie et publiée en novembre 2022 a soulevé des préoccupations quant à un risque potentiel de cancer de la thyroïde associé à ces médicaments, mentionné dans la notice aux États-Unis. De plus, en juin, l'American Society of Anesthesiologists a signalé que la gastroparésie pouvait augmenter le risque de régurgitation et d'aspiration pulmonaire lors de l'anesthésie générale. L'Agence européenne du médicament a lancé une évaluation du risque de suicide et d'automutilation associé à ces médicaments, dont les résultats sont attendus en novembre 2023.

En tant que diététicienne, ma principale préoccupation est votre santé. Aller vers ce type de produits ne peut conduire qu'à des conséquences négatives. Que ce soit d'un point de vue santé comme a pu le démontrer les recherches, mais aussi d'un point de vue psychologique. N'oublions pas qu'un surpoids, une prise de poids est un symtpôme. Ce n'est pas en mettant un pansement sur une piscine qui fuit que cela va régler le problème. Ne pas croire tout ce que l'on raconte sur les réseaux sociaux. La plupart des personnes proposant des informations de santé ne sont pas qualifiés à cet effet. Ce pourquoi il est essentiel pour éviter de vous faire perdre votre temps et votre argent, de vous faire accompagner par un professionnel de santé formé à cet effet.

Quoi qu'il en soit, la diffusion marketing des laboratoires pharmaceutiques a encore frappé ! La diffusion par les mégas stars d'un remède miracle pour la perte de poids comme Elon Musk a pu le faire (qui doit très certainement s'y retrouver financièrement quelque part...) montre encore comment l'industrie pharmaceutique joue du marketing pour augmenter ses ventes pourtant limitées initialement à une population cible : les diabétiques; moins rémunératrice que le nombre de personnes souhaitant perdre du poids !

Sources : October 5, 2023 Risk of Gastrointestinal Adverse Events Associated With Glucagon-Like Peptide-1 Receptor Agonists for Weight Loss, Mohit Sodhi, MSc1; Ramin Rezaeianzadeh, BSc1; Abbas Kezouh, PhD2; et al